Lettre ouverte de la CGT AKKA Informatique et Systèmes à la Direction Générale d'AKKA
Voici depuis le 1er janvier 2009 que nous voyons s’étoffer le journal des mauvaises nouvelles pour une trop grande majorité de collaborateurs/trices avec un montant de Participation réduit, un intéressement supprimé, un salaire fixe … trop fixe pendant que, aux yeux de toutes et de tous, non seulement les charges du quotidien ne cessent d’augmenter en flèche au même rythme que les bénéfices de « leur » société, de leur « Groupe » et, comme si cela ne pouvait suffire, à leur dépit, ces mêmes collaborateurs/trices voient aujourd’hui tous leurs acquis sociaux et usages voler en éclat non pas à cause de deux syndicats comme la Direction d’AKKA Informatique et Systèmes a tenté de le faire croire par mails destinés à l’ensemble des salarié-e-s à la fois avec une légère lourdeur et une certaine maladresse (les accords 2008 ayant été contractualisés, on ne peut se permettre de faire « tout et n’importe quoi » sans le consentement explicite du salarié ce qui n’a pas été respecté dès le 1er février 2011 !) mais du fait de négociations effectuées trop souvent en « OFF » sans la participation et la prise en compte des revendications de ces deux mêmes syndicats. Une fois persuadée d’obtenir au moins la signature de trois syndicats sur quatre, cette même Direction a stoppé toute négociation avec la section CGT d’AKKA Informatique et Systèmes. Cette démarche, avortée par l’opposition des syndicats FO et CGT (totalisant 68% des suffrages aux dernières élections professionnelles), avait pour objectif de faire passer coûte que coûte un accord :
où les dispositions regroupaient 6 modalités différentes alors que l’objectif commun premier consistait à simplifier et homogénéiser,
où les dispositions permettaient d’entériner le fait qu’une population de salarié-e-s soit en-dessous du minimum conventionnel SYNTEC (modalité 2 à 109% au lieu de 115%),
où les dispositions ne permettaient pas de gérer et de garantir le paiement des heures supplémentaires dès la première heure effectuée à la demande ou pas du client,
où les dispositions ne garantissaient pas le nombre de jour minimum de « RTT », comme stipulé dans tous les précédents « accords »,
où les dispositions plaçaient les salarié-e-s en Temps Partiel « comme une population à faire disparaître » par la suppression des jours de RTT proratisés, malgré la poursuite de cette disposition de jours de RTT proratisés par la plupart des SSII concurrentes, conscientes que cette disposition est « rentable » pour toutes les parties (client, société, salarié-e),
où les dispositions plaçaient une frontière entre les salarié-e-s présents et les nouveaux embauchés qui ne pouvaient prétendre à certains acquis sociaux, etc.
L’opération consistant à démunir les salarie-é-s de la sorte, dans le cadre de l’aménagement du Temps de Travail, par la suppression des acquis sociaux et des usages en vigueur constitue t’elle le préambule des deux grands programmes présentés ?
Négociation réelles et sérieuses ?
La loi du 20 août 2008 sur la représentativité précise dans l’article L.2232-27-1 que la négociation doit se dérouler dans le respect de certaines règles : indépendance des négociateurs vis-à-vis de l’employeur, élaboration conjointe du projet d’accord par les négociateurs, concertation des salariés. Il y est rappelé que l’employeur ne peut pas contourner les organisations syndicales, notamment en organisant une consultation directe des salarié-e-s en vue de faire pression sur la négociation. De telles manœuvres, décisions unilatérales ou consultation des salarié-e-s, sont considérées comme déloyales et constituent un délit d’entrave à l’exercice du droit syndical.
De même, la pratique de la négociation séparée constitue une discrimination à l’encontre de certaines organisations.
Enfin, la procédure de consultation des représentants du personnel fait également partie des conditions de transparence du déroulement de la négociation. La loyauté de la négociation impliquerait qu’ils soient consultés au moment de la décision d’ouverture de négociations, avant la rédaction du projet et avant la signature, au moment où le projet est encore amendable.
Même si la négociation se déroule entre la Direction et les organisations syndicales, la consultation des élus du personnel (CE, CHSCT, délégué du personnel) fait partie de la négociation. Elle permet de prendre des décisions à partir d’analyses pertinentes formulées par chacune des institutions dans son domaine de compétence.
La terrible crise de 2009. « Terrible » … pour tous ?
Les salarié-e-s ont bien compris que nous traversions une période d’austérité « terrible » mais ils comprennent aussi et surtout que cette même période, aussi difficile et « terrible » qu’elle soit, n’est pas vécue avec la même sensibilité selon sa position dans la structure du Groupe, de la société.
Cette fracture qui aujourd’hui n’échappent à aucun des collaborateurs/trices de la société doit être dans les plus brefs délais consolidée et réduite par des actions concrètes.
Votre communiqué du 28 mars préconise certes des perspectives d’actions montrant une certaine sensibilité d’un point de vue globale, Groupe, vis-à-vis d’une situation salariale aux lourdes conséquences :
- le mécontentement constant et accru des salarié-e-s inspirant un vent d’animosité, le départ de nombreux salarié-e-s vers la concurrence, la perte de projets, la multiplication des communications certes positives pour le Groupe mais paradoxalement irrespectueuses vis-à-vis des salarié-e-s chaque année de plus en plus démunis pour le Bien Être des bénéfices dont le partage indécent désagrège l’image de la société à petit feu sur le terrain, auprès des clients, auprès des futur-e-s collaborateurs/trices.
Bref, un gâchis énorme ressenti par toutes ces compétences qui font l’essence et l’âme d’une société, d’une équipe, d’un Groupe.
Cette essence, comme toute essence à l’heure actuelle, a un coût… un coût qui augmente et cette même essence ne peut certainement pas être bradée une fois recrutée mais intégrée dans une politique salariale juste et équitable, se préoccupant de l’avenir des marchés comme de l’avenir de ses salarié-e-s, proposée et négociée avec les partenaires sociaux pour ainsi être appliquée et diffusée à la connaissance de toutes et de tous pour le Bien Être des salarié-e-s, pour la bonne santé de l’Entreprise.
Une « volonté d’écouter » …
Par votre communiqué, nous relevons votre « volonté de ‘nous’ écouter ». En effet, il nous semble ressentir une certaine pression quelque peu palpable chez les salarié-e-s ces dernières années, ces derniers mois, ces jours-ci. Non pas une quelconque pression visant à contraindre par la Force, mais bel et bien la pression perfide que subissent les salarié-e-s et aujourd’hui exprimée par ces mêmes salarié-e-s habituellement silencieux. Cette pression-là, Messieurs, n’est pas palpable, elle se ressent, elle se transmet de couloir en couloir, elle se développe, elle s’isole puis elle isole, elle empoisonne non seulement le quotidien du salarié-e mais surtout lorsqu’elle se fait connaître et reconnaître, elle peut ternir une entreprise peu importe sa solidité financière.
Certes, nous ne pouvons « négocier sous la pression » se défend la Direction d’AKKA Informatique et Systèmes, mais qui aujourd’hui subit cette pression de plein fouet ? Cette pression doit s’exprimer, doit être écoutée, doit être ressentie par tous les acteurs et actrices afin d’engager les actions adaptées et vivement concrètes.
Nous croyons au socle fondamental établi par l’ensemble des salarié-e-s et à l’idéal de la reconnaissance par la redistribution des bénéfices, nous croyons au plein emploi dans les SSII, au développement des vocations, aux évolutions de carrières, jusqu’à, soyons fou, la retraite au sein d’une même SSII. Nous croyons aux valeurs d’un chef d’entreprise aussi réelles soient-elles dans les articles financiers que relayées par la voix de ses propres salarié-e-s. Aujourd’hui, qu’en est-il ? Quels sont les objectifs ? Les priorités ? En avons-nous en commun … ?
Votre « volonté étant de nous écouter », ainsi nous vous demandons dans un premier temps un entretien afin de pouvoir développer ces constats qui perdurent et s’accentuent malgré nos nombreuses alertes et dénonciations ces dernières années et ainsi étudier la pertinence et la faisabilité des « deux grands programmes ».
Les salarié-e-s sont dans l’attente :
- d’un aménagement du Temps de Travail sur la base minimum des accords 2008 de l’ex-entité AKKA IS Sud pour tous les salarié-e-s d’AKKA Informatique et Systèmes sans aucune discrimination liée à la date d’embauche, au temps de travail (temps partiels), à des conditions pour certain-e-s inférieures au minimum conventionnel SYNTEC, sans disparités au sein d’une même population de salarié-e-s, dans une même société : AKKA Informatique et Systèmes,
Nous voulons ainsi l’ouverture de négociations réelles et sérieuses aboutissant à une rédaction mutualisée et à la signature d’un accord Temps de Travail claire, homogène et juste.
- d’une répartition conséquente des bénéfices par des augmentations collectives et justes :
- Les augmentations ne peuvent pas seulement « garantir le pouvoir d’achat », mais assurer aux salarié-e-s une participation à la croissance et la prise en compte des gains de productivité …,
- L’augmentation des salaires doit correspondre à l’évolution des dépenses, des besoins. Elle doit aussi refléter l’évolution des qualifications, traduire pour toutes et tous un déroulement de carrière (revalorisation position/coefficient selon ancienneté et fonction),
- A chaque niveau de qualification doit correspondre un salaire minimum régulièrement revalorisé. Cette grille de salaires doit ainsi être connue de toutes et de tous,
- Enfin, l’égalité salariale femmes-hommes doit être strictement respectée.
Ayant reçu l’engagement d’une rencontre, le 7 avril 2011, le mouvement de grève reconductible du 29 mars 2011 a été interrompu afin de nous donner l’occasion de s’écouter, de se comprendre et enfin de poser les conditions permettant à chacun des salarié-e-s de l’entreprise d’être respecté par l’écoute, reconnu pour ses compétences et valorisé pour ses vocations, la première étape étant l’établissement d’un accord sur l’aménagement du Temps de Travail par l’ouverture de négociations réelles et sérieuses.
Dans l’attente de recevoir une convocation officielle et en vous remerciant par avance pour toute votre volonté engagée à l’écoute des salarié-e-s,
Pour la section CGT d’AKKA Informatique et Systèmes
Franck LABORDERIE-CAVADA